Loin de reculer, l’isolement concerne près de 5 millions de Français et s’étend à des populations qui étaient jusqu’ici épargnées par ce phénomène.
Les Français ont le blues. Selon une étude de la Fondation de France publiée le 25 juin, 11% de la population se sentirait seule. Soit près de 5 millions de personnes qui « n’entretiennent presque pas de relations avec d’autres individus, que ce soit dans le cadre familial, amical, professionnel ou dans leur voisinage », selon l’étude. Plus largement, 21% des Français affirment ressentir de la solitude, un sentiment éprouvé sans distinction de sexe, de profession ou de lieu d’habitation.
Rupture familiale, amicale ou professionnelle, problème de santé ou de logement … les causes d’une telle situation sont multiples selon ce baromètre 2012. Malgré l’émergence de moyens de communication, 13 % des Français vont même jusqu’à éprouver un sentiment « d’exclusion ». « La solitude est un phénomène qui prend de l’ampleur car les moeurs ont évolué : il y a de plus en plus de divorce, ou d’éloignement géographique. Aujourd’hui l’entraide se fait beaucoup moins présente et malgré l’omniprésence des réseaux sociaux, il n’est plus surprenant de ne pas connaître son voisin de pallier », explique à Metro la psychologue Céline de Donno.
Déjà très présente dans cette tranche d’âge, la solitude des plus de 75 ans a augmenté de manière sensible, passant de 16% en 2010 à 21% en 2012, et touche particulièrement les plus démunis. De même, le travail ne semble plus un gage d’insertion sociale. En effet, 27% des Français en emploi disent ne pas être en mesure de construire des relations autres que strictement professionnelles avec leurs collègues. Les travailleurs pauvres (moins de 1 000 euros par mois), qui cumulent souvent précarité de l’emploi, temps partiel et horaires décalés, ainsi que les travailleurs indépendants sont également plus exposés.
Autre constat plus surprenant, la solitude se ressent de plus en plus en jeune : 9 % des 30-39 ans sont en situation d’isolement en 2012, alors qu’ils n’étaient que 3 % en 2010. Il en va de même pour les habitants de grandes agglomérations, contrairement au milieu rural. « Le profil de ces trentenaires peut expliquer cet isolement : ils vivent généralement seuls, sans enfant, sont peu diplômés et rencontrent des difficultés à trouver leur place dans le monde du travail, explique Céline de Donno avant d’ajouter dans les grandes villes où tout le monde se côtoie, la proximité se fait paradoxalement moins présente qu’en campagne où l’anonymat est moins marqué ».
Un constat plus qu’alarmant selon Fondation de France, d’autant que ce sentiment ne doit pas être ignoré : dépression, impression d’être « utile à personne », « un véritable cercle vicieux peut s’installer chez la personne », selon Cécile de Donno. Pour autant, il n’est pas difficile d’en sortir assure la psychologue : « il ne faut pas hésiter à se créer soi-même son propre rituel en s’organisant des moments de plaisir comme du sport ou des loisirs créatifs. Même en s’y rendant seul, on peut nouer des liens faits de proximité et de routine et il n’y a pas de mal à cela », conclut-elle.